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Les criminels de guerre que Trump a pardonné

Dernière mise à jour : 15 nov. 2023

Yassine El-Ouaqaf

 

Photo: Tingey Injury Law Firm


Durant une série de pardons menée dans les derniers jours de l’année 2020, le président américain en fin de mandat Donald Trump a pardonné quatre employés de Blackwater, une société militaire privée, responsables des morts d’au moins 14 civils à Bagdad en 2007.


Ce tragique récit se déroule le 16 septembre 2007 au Nisour Square, un rond-point à Bagdad non loin de la zone verte, une zone extrêmement sécurisée dans la ville qui abrite notamment l’ambassade américaine. Une équipe de Blackwater y avait été dépêché afin de bloquer la circulation pour y faire passer un convoi de diplomates américains. Plus tôt dans la journée, une bombe avait explosé non loin d’un établissement où des fonctionnaires de l’Agence du Développement International américaine (USAID) avaient une réunion. Le blocage de la circulation à Nisour Square avait été mis en place afin de les évacuer vers l’ancien palais de Saddam Hussein alors utilisé par les américains en Irak.


Une Kia arrivant en direction des mercenaires serait apparue comme une menace pour ces-derniers, craignant une voiture kamikaze. S’ensuivit alors un déluge de balles et de grenades sur les civils présents à ce moment, blessant 20 civils et en tuant 14 autres dont le petit Ali, 9 ans.


Cet évènement engendra une des enquêtes les plus complexes du Département de Justice américain, affirment des fonctionnaires ayant travaillé sur ce dossier (Hassan and Arraf, 2021). Des agents du FBI ont notamment dû se rendre à Bagdad pour mener une enquête. Ce sont 30 témoins irakiens qui se sont rendu aux États-Unis pour témoigner, le plus grand nombre d’étrangers à avoir témoigner lors d’un procès criminel aux États-Unis. Certains ont déploré que tous ces efforts aient été défait aussi simplement par le Président Trump.


De plus, la couverture médiatique qui a suivie a permis à l’opinion publique américaine et internationale de découvrir les actions et le fonctionnement de ces Sociétés Militaires Privées qui travaillaient en Irak et en Afghanistan et qui engloutissaient des milliards de dollars publics tout en commettant des crimes et des abus sans qu’ils ne puissent être tenus responsable de leurs actions.


C’est seulement après une longue bataille judiciaire aux États-Unis que les victimes et leurs familles ont pu obtenir justice. Le 15 avril 2015, près de 8 ans après les faits, Nick Slatten, accusé d’être celui ayant tiré en premier, fut condamné à la prison à vie et trois de ses collègues (Paul Slough, Evan Liberty et Dustin Heard) furent condamnés à 30 ans derrière les barreaux. (Hassan and Arraf, 2021). En 2019, la peine de prison de ces trois hommes a été divisée par deux lors d’un nouveau jugement.


« Avant cela, j’avais l’impression que personne n’était au-dessus de la loi »


Le 22 décembre 2020, Mr. Trump a accordé à ces quatre contractants militaires privés un pardon présidentiel, les acquittant de leurs crimes commis en Irak et des peines de prisons qui en suivent. Plusieurs réactions ont suivi dont celle de Mohammed Kinani, le père du petit Ali. « Il [Donald Trump] a brisé la loi. Il a tout brisé. Il a brisé la cour. Il a brisé le juge », a-t-il dit. « Avant cela, affirme-t-il, j’avais l’impression que personne n’était au-dessus de la loi » (BBC, 2020).


Haider Ahmed Rabia, lui, n’a pas perdu de proches mais était chauffeur de taxi lors de l’incident à Nisour Square et a été la cible des balles américaines ce jour-là. Certaines de ces balles sont encore coincées dans sa jambe aujourd’hui. Il affirmait récemment dans une entrevue qu’il se demandait déjà, lorsqu’il était allé aux États-Unis pour témoigner, si ces « meurtriers » feraient face à la justice. Il a rajouté que le pardon de Trump lui a prouvé que le procès auquel il avait participé n’était qu’un spectacle.


Une porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, Marta Hurtado, a exprimé des inquiétudes face à ces pardons, avançant qu’ils contribuaient à une impunité qui pourraient générer d’autres crimes dans le futur. Le Haut-Commissariat a demandé aux États-Unis de renouveler leur engagement à lutter contre ces grossières violations des droits humains (BBC, 2020).

 

Yassine El-Ouaqaf est un étudiant de première année en science politique et science économique intéressé par les questions de conflits.

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